Bumblefoot Uncool (2002)
Genre : partouze musicale
Dans la catégorie OVNI, c'est le haut du panier. Bumblefoot est le projet de Ron Thal, un guitariste génial, déjanté, et multitalentueux. Reconnu par ses pairs comme un des meilleurs gratteux au monde en terme de virtuosité, il a sorti sous son nom (ou sous celui de Bumblefoot) plusieurs disques assez peu digestes car un peu trop technique justement. Mais Uncool reste l'album le plus marquant et « accessible » du groupe, complètement barré et génialement partouzeur en terme de mélange de genre musicaux.
Rock, rap, ragga, music hall de troisième âge, salsa, rumba, punk, country, tout est passé à la moulinette et mélangé. Pas sur tout les morceaux tous ensemble, sinon ce serait vraiment le bordel, mais chacun pourra prendre ce qu'il a envie de prendre.
Premier morceau (Go), premier mélange des genres : couplet rappé, refrain de ballade avec piano, fin apocalyptique. Le ton est donné pour ce qui va suivre. Viens T Jonez, pas la plus représentative du groupe mais ce morceau est mémorable : sur le couplet, on a droit à un véritable hommage à la croisière s'amuse, le refrain est un mélange ragga/métal réjouissant. Et à la fin, on fait se percuter le refrain à des chants qui paraissent sortis d'une cérémonie chamanique, tout ça agrémenté de violoncelle....la suite, la suite ! Piste 4 : My World is you, petite ballade en mode rumba forcément teintée d'un second degré, ce second (voir 36e) degré qui est probablement la seule composante d'homogénéité dans ce disque.
On enchaine sur Crunch, couplet style country à la Elvis, et un bon refrain raggacore pour mettre tout le monde d'accord. I hate more me than I love you et une des perles de l'album, toujours ce mélange de love et de véner sur le ton de l'ironie dans les deux cas, et on passe musicalement à travers tous les personnages : Tom Jones, Elephant Man, Un quelconque rappeur West Coast, la fée Clochette...trop fort Ron Thal !
Dans le même style, Delilah est extraordinaire. Des couplets à multiple lecture : ça peut faire pleurer ta grand mère comme la faire ricaner si elle en perçoit l'énormité de la blague. Et oui, cet album est effectivement conçu dans le but de mélanger les fans de métal à ceux de musique que l'on pourrait qualifier pudiquement « de vieux », mais aussi n'importe qui finalement...
Le morceau R2 est un instrumental à tendance salsa, avec petits solos à la Santana, c'est sympatoche et ça mange pas de pain. Arrive ensuite Ronald's Coming Back Now, encore une perle avec sa rencontre transgenre improbable mais réussie (comme la grosse majorité du dique) : métal, marriachi mexicaine, générique des chiffres et des lettres. A écouter absolument, ne serait-ce que par curiosité. Viennent Maricona (bossa nova calme) et Mine (instrumental à percussion) mais surtout Girl Like You, la fausse ballade de lover encore pire que les autres : la toile de fond est une chanson romantique surjouée : mais c'est l'habillage et les rajouts qui en donnent tout le relief. Chaque parole des couplets est complétée par une seconde prise voix qui transforme la déclaration d'amour en réflexions mysogynes et grossières, les riffs de guitares accompagnant les refrains sont volontairement bancals. Des refrains sur lesquels on dirait un chanteur de croisière qui serait bien alcoolisé, mais à certains moment seulement. Bref, une chanson qu'on ne peut prendre qu'au 36e degré susnommé...
Enfin pour clore l'album, We Don't Care, hymne street punk pour bien enfoncer le clou quant aux intentions de ce disque : un énorme pied de nez très réussi à ceux qui considéreraient encore la musique uniquement comme des genres et sous genres hermétiquement sclérosés en eux même. Voilà, vous en aviez rêvé, Ron Thal et ses Bumblefoot l'ont fait.
Voici le clip de T Jonez (la qualité de la vidéo est plus que moyenne malheureusement)