Geoffrey Oryema

Publié le par Tonio et Da Beat

 

Genre : Trip de Savane

 

Cet artiste est né en Ouganda mais a fui son pays d'origine suite à l'assassinat de son père, alors ministre d'Amin Dada, le sanguinaire dictateur ougandais (joué par Forest Whitaker dans le film Le Dernier Roi d'Ecosse, soit dit en passant). Il se réfugie en France en 1977 et sort en 1990 le superbe album Exile.

 

Exile (1990)

exile

 

Appuyé par l'excellent label Real World de Peter Gabriel (oui, le gars de Genesis) Exile fait d'emblée connaître Geoffrey Oryema avec le titre Ye Ye Ye qui sera utilisé comme générique de l'émission « le cercle de minuit ». Une notoriété qui dépassera l'hexagone et le propulse immédiatement comme un des artiste phares de la scène « musiques du monde ». Geoffrey Oryema chante en français, anglais, en ingala, en kinganda, accompagné autant par des instruments traditionnels africains que par d'autres plus occidentaux comme des guitares, synthés, etc...

Pour rentrer dans le vif du sujet, Exile offre quelques morceaux rythmés (Piny Runa Yoko, Piri Wango Ya...) mais surtout de superbes chansons calmes. Ecouter Exile est une expérience singulière qui évoque à la fois des prières intérieures superbement mises en musique ou des bandes originales de films évoquant l'Afrique. Makambo, Solitude, Exile et surtout Land of Ananka sont tout simplement magnifiques, les compositions trouvant l'alchimie parfaite entre les instruments évoqués ci dessus. Les nappes de synthés passent sans se faire remarquer tout en apportant la touche larmichette qui est, à mes yeux, inhérentes à chacun de ces morceaux. La voix du chanteur est évidemment l'atout majeur de ce disque, passant du grave à l'aigu sans accrocs. Ca s'écoute dans la pénombre avec des bougies, c'est obligé !

 

 

Et voici deux morceaux bouleversifiants pour le prix d'un :

 

 

 

 

Beat The Border (1994)

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Dans la continuité d'Exile, Beat the Border est, en un mot comme en cent, un album magique. Les titres les plus calmes ont une nouvelle fois ma préférence, avec en particulier le morceau Nomad, entièrement a cappela mais avec plusieurs voix qui s'entremêlent dans une mélodie rappelant autant les griots que les chanteurs de blues gospel. Mais il y a aussi The River, Payara Wind, ou également Lapwoni (dans un style un peu plus rythmé) qui pourraient rentrer au panthéon des musiques aériennes faites pour transporter immédiatement l'auditeur dans un autre monde.

La discographie d'Oryema se teinte ensuite de plus en plus de ce que l'on pourrait appeler de la pop africaine, mais ces deux premiers albums recèlent des bijoux ayant déjà placé la barre à son maximum. En gros, si je devais emporter deux de ses albums sur une île déserte (je vois pas pourquoi j'aurai à faire ça mais bon...) mon choix est fait : les deux premiers.

 

Un des meilleurs extrait ici : The River

 

 

 

Night to Night (1997)

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Toujours sur Real World (spécialisé en musique du monde de haute qualité), ce troisième opus est de très bonne facture, même s'il ne contient pas de perle de l'acabit de celles évoquées plus haut.

Il s'ouvre superbement avec Sardinia Memories, parfaite intro vocale accompagnée d'un discret accordéon. Les morceaux suivants dévoilent un Geoffrey Oryema de plus en plus occidentalisé dans sa musique, entre des synthés très présents et des guitares et basses parfois sonnantes et trébuchantes (Miracle Man). Deux superbes réveries (Naa Dream et Christine) plus tard, on tombe sur un duo avec Alain Souchon (By bye Lady Dame), où les deux chanteurs mèlent habilement anglais, français et...franglais. C'est mélancolique comme du Souchon et beau comme du Oryema, donc ça fonctionne franchement. En définitive, un album inégal avec même une ou deux chiaderie (Gari Moshi) mais qui reste plus qu'honnête malgré tout.

 

 

 

Spirit (2000)

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Geoffrey Oryema a quitté Real World et cela se ressent. Il a toujours revendiqué un côté plus universaliste que communautaire et le constat est évident, il fait désormais de la world et non de la musique traditionnelle africaine. Il n'oublie pas pour autant son passé ougandais, autant dans la musique (Rwot Obolo) que dans les paroles (Spirit of my father) mais l'ensemble est davantage pop/rock avec des guitares, basses et batteries beaucoup plus présentes sur la majorité des morceaux, parmi lesquels on retrouve encore sans problèmes le potentiel « planant » de l'artiste ( Listening Wind, No Ballads, See Me lakyana, I struck the wall).

 

 

 

Words (2004)

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On termine l'évolution avec ce Words où les guitares deviennent électriques (mais dans un style blues, hein, on en est quand même pas au death métal...) comme sur Forever, et les chansons résolument pop avec quelques sonorités reggae (Revenir à Paris, Flying). On notera également la présence d'une voix féminine qui enfonce le clou de la direction pop de l'album sur une bonne moitié des titres. Pour donner une idée, ca ressemblerait de pas loin à du Ben Harper, dans l'esprit comme dans les sonorités. Il est sûr qu'on est plus dans la même veine que Exile, mais certains morceaux méritent vraiment le détour dans ce style chansonnettes sympatoches aux racines africaines tout de même encore très perceptibles.

 

 

 

Publié dans World

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